Interview avec le diable

*Pourquoi fallait-il que les maudits journalistes choisissent LA journée où je dois voir cette gardienne des plus sexy en privé sur qui j'ai un oeil depuis déjà quelques jours? Ils ne pouvaient pas venir demain, quand de ma journée je n'ai rien à faire? Non, naturellement, les pauvres fonctionnaires comme moi sont toujours les proies du public, hélas... Donnons aux masses ce qu'elle demandent. Avec un peu de chance, ce sera une belle journaliste aussi ouverte d'esprit que les hauts gradés de cette prison. AH! Sile conseil savait ce qui se passe dans les quartiers des hauts officiers, ils nous enverraient rejoindre les prisonniers que nous surveillons... Non sans avoir en partie raison mais entre s'Ennuyer et devenir fou et s'amuser et utiliser le règlement à notre avantage, il n'y a pas trop de choix à faire. Tout le monde ici veut rester sain d'esprit...*

Les pensées de Demetrius tagge étaient encore fixée sur cette petite dégustation d'slcool maison de l'avant veille quand on l'appella à l'intercom. Comment s'appellait cette secrétaire déjà? Ah oui... Naravelia Coptis. Ils avaient passé plus d'une nuit dans le même lit (lui et la plupart des servueillants de bloc carcéral d'ailleurs...). On ne sélectionnait pas le personnel que pour sa cruauté et sa facilité de suivre les ordres. Sideritis Eriope, un des recruteurs, avait le don de voir certains autres traits des gens. Il s'était avéré que la secrétaire évoquée précédemment était un petit peu (pas si petit que ça...) nymphomane, ce qui avait le don de mettre de... La joie de vie dans une prison où râles d'agonie et cris de douleur avait de quoi vous rendre suicidaire.

*Béni soit le docteur Becium et ses dons pour la chirurgie esthétique et plastique. Il a vraiment fait des miracles avec notre secrétaire adorée. En y pensant bien, il faudrait repenser l'uniforme du personnel féminin... À voir avec mes chefs de blocs à la prochaine réunion, évidemment...*

"Oui, secrétaire Coptis? Qu'y a t'il?"

La journaliste est arrivée monsieur, elle est en route pour votre bureau et... Je termine en même temps que vous demain soir, vers 18h00 et je me demandais si...

"N'en dites pas plus ma petite, je vous aie bien compris. À 18h10, dans mon bureau. Mes quartiers sont à l'arrière alors... Nous ne serons pas dérangés... Tagge, communication terminée."

Donc le journaliste était UNE journaliste. Intéressant... Il allait lui donner un bel intervieew et ensuite, qui sait... La journée ne serait peut-être pas complètement perdue... Et puis il était bel homme quand même (cité en de (trop) nombreuses occasions) qui laissait rarement les femmes (et certains hommes à son grand dam...) indifférent... Quand on toqua à sa porte, il s'éclaricit la voix et prit son ton de fonctionniaire en public, ce ton si radicalement opposé à son ton cruel de tous les jours au travail...

"Entrez!"

Ce jour-là, Mica était en mission pour son propre compte. Un an avait passé depuis qu'elle avait rejoint le camp des rebelles, et elle n'avait toujours pas mené sa vengeance à bien : tuer Luthias Kentigern, l'homme qu'elle avait longtemps pensé être son père et qui était responsable de la mort de sa mère. Mais bien sûr, cela prendrait du temps, et elle devrait travailler longtemps avant de pouvoir arriver à ses fins. Car enfin, on n'assassine pas un maître mage comme on envoie une lettre à la poste ! Elle avait recceuilli au fil du temps des informations sur Luthias, et avait apprit qu'il était assez lié avec le gérant de la prison d'Ancèdia. Ses amis rebelles l'avaient alors aidée à monter un plan afin d'en apprendre un peu plus : elle se ferait passer, grâce à ses talents en déguisement, pour une journaliste voulant faire une interview du gérant.

Elle s'était donc grimée : cheveux longs et raides, bleu azur, débardeur orange et jupe rose, le tout bien flashi, évidemment. Comment ne pas se faire remarquer ? En essayant de ne pas se fondre dans la masse, justement. De toutes façons, plus elle s'éloignerait de son style habituel (qui était relativement simple) et moins elle risquait, puisque sa tête était mise à prix. Elle n'avait pas non plus lésiné sur le maquillage et portait des lentilles de contact vertes, et des lunettes de soleil aux immense verres ronds qui lui donnaient des allures de mouche.

Néanmoins, elle était tout de même très, très, très stressée. Elle s'apprêtait tout de même à pénétrer dans l'endroit de cauchemar où tout ancède qui se respectait voulait l'envoyer. Mais ce n'était pas une couarde, loin de là. Elle avait hérité du courage de ses parents, et elle n'allait très certainement pas baisser les bras. C'est donc avec un air très assuré (et parfaitement faux, mais ça, seule elle le savait) qu'elle passa les grilles de la prison, escortée par un gardien. Sa visite avait été bien sûr prévue à l'avance, et elle était attendue.

On la mena au bureau du gestionnaire de la prison. Le gardien frappa, et Mica entendit qu'on lui disait d'entrer. Le gardien ouvrit donc la porte et laissa entrer Mica, puis la referma. D'un pas assuré et arborant un sourire colgate/hollywood chewing-gum, Mica s'avança vers le responsable et lui tendit une main qui ne tremblait pas :

- Bonjour monsieur, Sybille Westmeister, enchantée !

"Il en va de même pour moi, miss Westmeister, je peux vous l'assurer. On ne reçoit pas la visite d'aussi ravissante créature tous les jours et c'est fort domamge. Mais je manque à mes devoirs, c'est assez flagrant... Demetrius Tagge, gestionnaire de cette prison. Rassurez-vous, tant que nous sommes dans ce buereau vous en serez pas dérangée par notre... Bruit de fond quasi permanent. On s'y fait, à la longue mais les visiteurs deviennent souvent nerveux quand ils y sont exposés trop longtemps."

D'un geste de la main, le gestionnaire l'invita à s'asseoir, tout sourire, un sourire poli et sympathique... Un contraste saisissant par contre avec les pensées du dit personnages qui elles étaient bien moins nobles et honorables.

"Ainsi donc vous voulez m'interviewer, bien.... Bien... Par quoi désirez-vous commencer? Je suis ouvert à toutes les questions que vous pouvez poser, soyez sans crainte..."

*Hum... Elle n'est pas aussi belle que Naravelia mais qui sait, c'est peut-être une toute autre sorte de beauté qu'elle a dans l'intimité et le privé... Peut-être qu'un type de vêtement plus léger la met davantage en valeur...*

Mica avait été en effet passablement ébranlée lors de son trajet à travers les couloirs de la prison. Elle avait dû faire appel à toute sa maîtrise d'elle-même et à tout son courage pour garder un air assuré et ne pas craquer. Les cris que poussaient les prisonniers qui se faisaient torturer n'étaient même pas à vous glacer le sang, mais bien pire. Elle savait que ce que subissaient les prisonniers était horrible, c'était de notoriété commune. Mais au point d'hurler ainsi... Que pouvaient-ils bien endurer de si affreux ? Et est-ce que les Ancèdes s'imaginaient à quoi cet endroit pouvait bien ressembler ? Jamais, en tous cas, elle n'avait pensé que ce puisse être ainsi.

Mais en effet, le bureau était bien isolé, encore heureux, sinon elle aurait eu du mal à garder son calme. La situation était déjà assez stressante comme cela. Le moindre faux pas lui serait fatal. Si elle était démasquée, ses cris résonneraient eux-aussi à travers les couloirs de la sinistre prison.

Elle s'assit, comme elle était invitée à le faire, et constata par la même occasion qu'elle avait vu un peu court pour la jupe : en s'asseyant, le bout de tissu remonta dangereusement. Elle tira discrètement dessus en gardant son assurance malgré tout.

- Merci pour votre accueil ! dit-elle, toujours souriante. Bon hé bien, on va pouvoir commencer, alors !

Elle afficha à nouveau son sourire colgate tout en farfouillant dans son sac à main, à la recherche du bloc notes sur lequel elle avait préparé ses questions. Au bout de quelques secondes, elle se figea.

*Oh non...*

Elle sentit la panique monter en elle, et émit un petit rire pour dissimuler, puis piqua du nez dans son sac.

*Il est où... 'Tain ! Où est mon bloc notes ?!*

Rien à faire, elle l'avait oublié.

*Mais... quelle... conne !* pesta-t-elle intérieurement.

Ne pas perdre de son assurance, surtout ! Elle était censée être une journaliste qualifiée, qui pouvait se débrouiller sans notes et improviser une interview... Sauf que ce n'était absolument pas le cas, et qu'elle avait dû trimer dur afin de pondre une malheureuse série de questions avant de passer à l'action. Elle devait absolument repenser à tout cela et essayer de se souvenir de ce qu'elle avait pu imaginer la veille... Mais le stress, la panique, la peur, tout cela n'était pas pour jouer en sa faveur, et son cerveau semblait complètement endormi.

Son sourire était figé dans une mimique nerveuse, on pouvait bien voir que quelque chose n'allait pas.

- Heeem... Puis-je vous emprunter du papier et un stylo pour prendre des notes ? demanda-t-elle en reprenant de l'aplomb. Quelle tête en l'air je suis ! dit-elle avec un air un peu greluche. Ça m'arrive tout le temps, et pourtant j'en tire jamais de leçons, vous le croyez ça !

Elle gloussa, de ce gloussement niais typiquement "girlie".

- Je suppose que j'étais tellement pressée de vous rencontrer que je n'ai pas pensé à vérifier mes affaires !

*Ça... pressée... tu l'as dis bouffi...* songea-t-elle avec une ironie amère.

"Bien sûr, voilà qui devrait vous convenir. Il s'Agit du matériel standard des fonctionnaire de la cité, sobre mais efficace. Vous devriez avoir de quoi prendre suffisamment de notes."

Répondit Demetrius en lui tendant papier et crayon, en profitant pour zieuter sur la jupe trop courte et ce qu'elle ne cachait pas suffisament. Il ;le fit de façon discrète, de façon à ne pas être vu et allait ajouter quelque chose quand le téléphone de son bureau sonna. Se moquant complètement de la journaliste (qu'elle se prépare d'abord, il verrait ensuite, il répondit à son interlocuteur. Un large sourire se dessina sur se lèvres.

"Luthias, mon cher ami! Ou devrais-je plutôt dire, votre excellence, maître mage Kentigern dont la maîtrise et le talent sont respectés dans toutes la cité! Hum hum... Non, non le dernier lot de prisonniers ne comportait pas ta fille chérie. Oh crois moi, nous avons tout vérifier, allant même j'usqu'à suspecter une fausse couche de peau. Bien sûr que nous les avons dépecer que crois-tu. Et interrogé cela va de soi. Oui, bien sûr, ce soir comme prévu. D'accord, prends soin de toi mon ambitiuex camarade!"

Une communication brève et pleine de sous-entendus énigmatiques mais Demetrius savait mettre ses priorités à la bonne place et la journaliste venait en second devant le puissant personnage de la cité.

"Désolé, un appel important... Nous disions..."

Mica prit le matériel que Tagge lui tendait en souriant de toutes ses dents en guise de remerciement. Elle installa les feuilles sur ses genoux, heureusement le tas était raisonnablement épais, ce qui lui permettrait de prendre aisément des notes. Elle recommençait à paniquer, n'étant pas prête à commencer l'interview puisqu'elle ne pouvait penser à aucune questions à poser. Mais elle fut sauvée par le gong... enfin, plus simplement, par la sonnerie du téléphone.

*Ouf !* pensa-t-elle. *Ça me donne quelques minutes de répit.*

Elle fit mine de s'installer à son aise pendant qu'elle réfléchissait alors que Tagge décrochait le téléphone. Il n'eut pas tôt fait de prononcer le nom de "Luthias" que les feuilles qui étaient posées sur les genoux de Mica glissèrent sur le sol dans un bruit de papier froissé.

*Du calme, du calme !* s'ordonnait mentalement Mica. *Tu le savais, qu'il connait cet enfoiré, pas de surprise !*

En effet, ce n'était pas une surprise, mais cela restait un choc. Un choc qui se transforma rapidement en décharge de 3000 volts lorsqu'elle entendit ce qui suivit. Elle sentit le sang quitter son visage, et se félicita de s'être fardée d'une bonne couche de fond de teint, ainsi, son brusque changement de couleur de visage passerait inapperçu.

Elle se pencha pour ramasser ses feuilles. Ainsi, cette ordure n'avait pas lâché l'affaire... Remarque, elle non plus. Cela conforta son désir de vengeance. Ce serait à celui qui saurait mettre la main sur l'autre le premier... Et en matière de moyens, Luthias avait plus de chances que Mica d'être victorieux.

Mica ravala sa salive en pensant au sort qui lui serait réservé si elle se faisait attraper. Réjouissant... Mais elle ne devait pas se laisser aller, surtout pas ici et maintenant. Elle pourrait péter tous les câbles qu'elle voudrait une fois rentrée dans le repaire des rebelles, pas avant.

- Oui donc, nous disions...

*Merde j'ai toujours pas de questions !*

- Nous disions... On va pouvoir commencer ! répéta-t-elle d'un air exagérément cruche, espérant que Tagge mettrait sa lenteur sur le compte d'un sens particulièrement développé de la stupidité.

*Mouais... Une vraie cruche apparemment... Pourquoi ne pas profiter de sa naïveté et de son manque de jugeotte? Cela pourrait être amusant...*

"Aucun problème, aucun problème, je suppoose que c'est une légère déstabilisation face à ce que vous avez pu voir ou entendre en venant ici... Laissez moi vous proposer un verre, histoire de vous permettre de reprendre unpeu plus de contenance..."

Demetrius lui servit un verre d'alcool, pas trop fort et en apparence parfaitement anodin. Sauf que... Il n'était pas anodin. Dans le liquide en question se trouvait une drogue indécelable qui rendait très vulnérable d'une part à la suggestion et de deux à l'une inhibtion pire que l'alcool, faisant du buveur un pantin doté d'un petit fond de volonté uniquement. Il s'en servait souvent pour soumettre les prisonniers importants... Mais personne n'était au courant de ce stratagème ingénieux. Il se servit également un verre (la bouteille étant hors de vue, il était impossible de remarquer le changement de la bouteille contaminée à la bouteille sainequi elle même contenait l'antidote) histoire de mettre la journaliste en confiance, attendant paatiemment qu'elle se mette à l'aise.

- Uh ?

Mica regarda le verre que lui tendait Tagge et dont elle pouvait sentir les faible effluves d'alcool qui s'en émanaient. Elle se sentait mal à l'aise à l'idée d'adresser un refus à ce réputé tortionnaire, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait rester sobre, ne pas prendre le moindre risque de déraper, ce qui lui serait fatal. Aussi, en espérant qu'il ne le prendrait pas mal, elle dit gentiment, et affichant un sourire colgate dopé aux chewing gum hollywood :

- Oh, non merci ! Je ne bois pas, je tiens particulièrement mal l'alcool. Une seule gorgée et c'est la catastrophe !

Elle gloussa, toujours du même air de greluche qui allait avec son rôle.

- En plus dans l'alcool, il y a du sucre, et j'ai des tendances diabétiques ! Oh rien de grave, j'échappe à la piqûre quotidienne, mais je dois quand même faire attention. Mais merci quand même, c'était très gentil à vous de proposer ! minauda-t-elle.

Ni alcool, ni sucre. Voilà qui réduisait les possibilités. Il n'allait tout de même pas lui proposer des légumes à la vapeur en guise d'apéritif ! Mica n'était pas née de la dernière pluie et elle avait apprit à être extrêmement prudente quelle que soit la situation. Et, après ce qu'elle avait entendu au téléphone, elle ne pouvait pas faire autrement que de prendre le maximum de précautions.

"Laissez moi au moins vous proposer un verre d'eau, ce serait la moindre des choses, vous ne pensez pas? Oh et puis ce n'est pas bien grave en fin de compte. Si nous en venions à vos questions, mademoiselle?"

Proposa Demetrius. Puis, repensant à son appel, il se décida à amorcer la conversation. La greluche allait peut-être trouver de quoi le questionner...

"Non pas que je veuille paraître sésageéable mais je dois voir certaines personnes vous savez... Comme le maître mage avec qui je discutais. Un grand homme! Nous mangeons régulièrement ensemble. Mais de vous à moi... Son domicile est une passoire comparativement à cette prison. Les lacunes dans la sécurité... oulala! Inimaginable! Je l'ai rencontré il y a de cela quelques années en fait, du temps où j'étais simple gardien en chef..."

- Bien sûr, bien sûr ! Je m'y mets tout de suite, répondit Mica toujours aussi souriante en rajustant ses lunettes sur son nez avec son majeur.

Elle tiqua lorsqu'il mentionna à nouveau Luthias, le fameux "maître mage". Ses lèvres se crispèrent le temps d'une milliseconde mais elle reprit rapidement son sourire de star, ne voulant pas paraître destabilisée par la mention de ce personnage - c'était vraiment la dernière chose à faire. Il ne fallait pas attirer l'attention là-dessus, surtout pas. D'ailleurs, c'était tout de même pour cela qu'elle était ici : pour faire parler cet homme sur Luthias Kentigern. Et c'était exactement ce qu'il était en train de faire. Comment le faire continuer sans que cela paraisse suspect ? Il fallait absolument laisser penser à Tagge qu'il était au centre de l'interview, tout en lui faisant débiter le plus de choses possible.

- Voilà qui est intéressant, minauda-t-elle faisant mine d'être passionnée. Vous l'avez rencontré lorsque vous étiez gardien en chef, donc ? Peut-on alors dire qu'il fait partie des personnes qui vous ont entouré lors de votre ascension ? Et cette ascension, dites m'en plus, je vous prie. Commençons depuis le début.

Elle griffonna deux, trois trucs d'une écriture très serrée et quasiment illisible.

"Mais enfin, cette ascension a été mainte fois relatée mademoiselle, je ne vois pas le besoin de raconter cette histoire au début tragique à nouveau. Je préfèrerais et de loin vous parler de mes relaitons avec les grands de cette cité. Il y a tant à dire..."

Finalement, l'idée de l'interview était très maiuvaise et il se lassait vite de cette greluche incompétente. Elle était mieux de finir l'entrevue dans son lit ou il s'arrangerait pour l'égarer dans les couloirs de la prison en représailles non mais! Elle voulait le faire répéter ce qu'il avait dû dire des dizaines de fois. Une vraie folle!

"JE suis persuadé que vous aimeriez, en toute sincérité!"

Le non verbal de Demetrius parlait énormément en ce moment et déplaisir et ennui étaient clairement lisibles.

Mica cligna des yeux, incrédule. Etait-ce un piège ? Se doutait-il de la véritable raison de sa présence ici ? Ou voulait-il tout simplement se la jouer en étalant à tous ses relations avec les grands d'Ancèdia ? De toutes façons, cela tombait bien, elle était là pour ça. Elle n'avait qu'à le laisser croire que c'était lui qui tenait les rênes, et tout irait bien. En plus, il avait clairement l'air de s'ennuyer royalement, et il valait mieux qu'il soit dans les meilleures dispositions possibles. Alors, tant que cela lui faisait plaisir...

- Vous avez raison, quelle étourdie ! Ah, je vous avais prévenue, héhé ! gloussa-t-elle.

Elle tapota de son crayon sur le tas de feuilles.

- C'est vrai que ce sujet changerait des papelards dont on a l'habitude ! Ça devrait plaire à mes patrons. Quelle bonne idée vous avez eue là ! Vous avez tout à fait raison, je sens que je vais aimer ! Par quoi souhaiteriez-vous commencer ?

"Par ce cher Luthias, il mérite bien d'être cité encore une fois par la presse. Un grand homme. Dont la fille a tragiquement disparu d'ailleurs. il faudra penser à le noter, le pauvre désire tellement la retrouver... Mais nous y viendrons plus tard. Luthias, ce cher maître mage, est un grand homme. Un très grand homme. Il est un de ces hommes influents qui font passer des lois là où les autres échouent. C'est ainsi que j'ai été nommé plénipotentiaire du bâtiment. Certes, le conseil a son droit de regard mais je fais des prisonniers ce qu'il me plaît et croyez moi, sans l'aide de cet homme nous en serions encore à s'occuper de leur état de santé! Grâce à Luthias, nous pouvons traiter ces criminels comme ils le méritent! C'est là une très bone introduction pour parler du maître mage: Luthias, grand sauveur de la justice des ancèdes!"

Commença Demetius. Mais il n'arrivait pas à se concentrer à cause de la jupe courte de l'autre. Son esprit pleins de vices n'était pas du tout focusé sur l'Entrevue aussi adopta t'il un air pensif, histoire de feindre de ressasser ses souvenirs.

Mica se retint de grincer des dents en entendant ce discours. Ce type devait être vraiment fêlé pour vouer une telle admiration à ce taré qu'elle avait longtemps cru être son père. Enfin, comme on dit, les grands esprits pensent de concorde et qui se ressemble s'assemble... Elle fit de son mieux pour avoir l'air intéressée - et, d'une certaine façon, elle l'était, puisqu'elle n'attendait rien de moins que plus d'informations sur Luthias.

- Ooooooooh ouiiiiiiiii ! miaula-t-elle. La disparition de la jeune Kentigern, un tragique évènement, j'en ai eu vent, bien sûr. Etes-vous vous même impliqué dans l'affaire aux côtés de maître Kentigern ? Vous semblez proches, et je suppose que deux grands défenseurs de la justice d'Ancèdia tels que vous travaillez de concert, me trompé-je ?

Elle sourit de toutes ses dents et battit des paupières, lesquelles étaient agrémentées de faux-cils, bien que cela se voit à peine derrière ses immenses lunettes de soleil.

"Aucunement, il y a en effet beaucoup à dire sur cette affaire mais je ne vous fais pas suffisament confiance pour vous en parler. Ce que je sais et ce qui se fait est bien trop important pour que le public général ne l'apprenne. L'étendue des recherches, les forces impliquées, les moyens utilisés... Un plan monté de toute pièce par ma personne, selon les renseignements fournis par ce cher Luthias..."

Dit Demetrius d'un ton neutre. Il en savait énormément sur le dossier mais il ne dirait rien à cette journaliste tant qu'il la jugerait indigne de recevoir ces informations. Oh bien sûr, il y avait deux moyens très expéditifs pour parvenir à obtenir cette confiance... Mais la greluche incompétente serait, à son avis, bien incapable de faire ou un ou l'autre...

*Après tout, si elle veut savoir, elle n'a qu'à prendre les mesures nécesaires. Moi je ne proposerai aucune aide sans en retirer également quelque chose. La gloire... J'en ai plus qu'il m'en faut!*

Oh, il ne lui faisait pas confiance, alors ? Très bien, il était temps de la jouer moins honnête, se dit Mica. Après tout, si elle en croyait les rumeurs qui entouraient Demetrius Tagge, cet individu était loin d'être un ange, alors, tant qu'à faire, autant jouer dans la même arène et avec les mêmes armes.

- Vous êtes un homme d'honneur, je n'en attendais pas moins de vous ! Quelle fidélité envers le gouvernement. Préférer garder le silence et protéger l'état à la gloire, quelle grandeur d'âme !

Elle se pencha un peu vers l'avant, dévoilant une vue plongeante sur son décolleté, et minauda :

- Vous savez quoi ? Vous m'êtes sympathique !

Elle déposa ses feuilles et son crayon sur une table d'appoint et se leva pour aller vers le bureau.

- Je vais faire une exception à la règle, rien que pour vous, et accepter votre invitation !

Sur ces mots, elle se saisit du verre qui était posé sur le bureau et le leva.

- A la votre, miaula-t-elle en affichant son éternel sourire colgate.

Elle recula de quelques pas, juste assez pour que Tagge ne puisse pas voir que lorsqu'elle porta le verre à ses lèvres elle fit semblant de boire.

Une rumeur persistante disait que tout mâle était gouverné par deux organes: l.estomac et un autre au niveau du bas ventre. Les moins corrompus d'entre eux y échappaient mais ce n'était pas le cas de Demetrius Tagege qui des corrompus était un exemple flagrant. Tous les prisonniers n'étaient pas des criminels et rien de mieux qu'une prison pour faire disparaître queqlqu'un... Une aile entière de la prison regorgeait d'innocents dont on avait échangé la liberté pour de l'argent... Si le gestionnaire avait encore certains doutes quant à la journaliste, la vue plongeante dans son décolleté chassa toute pensée rationnelle. Une petite fête lui ferait du bien. Il sortit un autre verre, prétextant préférer un autre alcool à celui du verre empoisonné de la journaliste et se servit un autre verre d'un alcool plus fort.

"En effet, faire le vide me fera le plus grand bien. Célébrer est chose rare ici... Nous sommes plus soumis à l'éternelle absence d'amusement qu'autre chose..."

Prétextant vouloir empêcher tout dérangement inopportun, il alla s'Asseoir devant unne console contrôlant les caméras et les intercoms, entra son mot de passe, se brancha sur la caméra de son bureau... Et fit un zoom dans le décolleté exposé de la journaliste, prétextant arranger certains protocole de sécurrité. Son zieutage terminé, il quitta sa ssession et retourna à son bureau.

"À la mienne, donc!"

*C'eeest ça... A la tienne, crétin !* pensa Mica en retenant un rictus.

Elle profita du fait qu'il détournât son regard d'elle pour se rendre à ce qui lui semblait être une console de vidéo surveillance pour vider la moitié de son verre dans la terre d'une plante en pot.

*Toujours là quand il faut, ces plantes... On se croirait dans un film.* songea-t-elle avec amusement.

Lorsqu'il se retourna vers elle, elle leva à nouveau son verre et répéta :

- A la votre !

Elle fit à nouveau semblant de boire puis montra son verre à moitié vide et gloussa, feignant d'être un peu atteinte par l'alcool :

- Oulalalala ! J'suis pompette ! Je vous avais prévenu, je tiens pas l'alcool hihihi ! Faudra pas m'en vouloir si jamais je mets ma culotte sur la tête !

Bien sûr, cela ne risquait pas d'arriver, mais elle se doutait bien que cette réplique avait de grandes chances d'attirer l'attention du gérant pervers, si bien sûr son attention avait encore besoin de l'être.

"Ah oui, vraiment? Enfin... Je veux dire... Curieuse façon de ne pas tenir l'alcool. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus commun... D'habitude, les gens se contente d'être malades ou de rire tout bêtemment. Ce serait nouveau ce truc là..."

Dit Demetrius d'un ton détaché. Il n'empêche qu'il aurait bien été curieux de voir cela... Et qu'il y porterait, évedemment, la plus grande des attentions. Une seconde gorgée fit suite à la première et il se sentit un peu plus détendu. Foutue prison qui lui tombait sur les nerfs... Au moins, ici, il pouvait faire ce que bon lui semblait sans risque de sanctions ou de quoi que ce soit... Bien qu'il eut largement préféréune vaste demeure à l'écart de la ville où il aurait pu faire les mêmes choses... Mais bon, il ne pouvait pas non plus tout avoir non plus et c'est ce constat qui le ramena à la dure réalité. Il aurait besoin de plus d'alcool, il comptait bien profiter du temps consacré à l'interview pour se détendre...

"Vous savez, la vie ici est moins rude qu'elle n'y parait. Bien moins rude."